OBEISSANCE
J'aurais beaucoup à te dire, mon scout, sur Nazareth, car j'y ai passé presque toute ma vie avec mes parents.
Et je leur étais soumis.
Ce n'était pas pour mon agrément que je m'étais incarné. J'étais homme, et j'étais enfant, et j'obéissais comme un enfant.
J'obéissais à Marie, j'obéissais à Joseph, j'obéissais aux clients de mon père nourricier.
Et je me nourrissais d'obéissance. C'était ma vie.
Non seulement à dix ans et à douze ans, mais à dix-sept et à trente.
Et je ne me croyais pas trop grand pour obéir, moi qui commandais à la mer, aux démons et à la mort.
J'obéissais à mes créatures parce que telle était la volonté de mon Père Eternel.
J'obéissais à un charpentier de village, et, quand il m'enseignait à travailler le bois, je ne cherchais pas à lui apprendre son métier.
J'obéissais à une petite fille des hommes, et sans doute que c'était la Reine des Anges, mais c'est moi qui l'avais choisie pour Mère et qui l'avais faite Immaculée.
J'obéissais allégrement, intérieurement, divinement.
Du matin jusqu'au soir.
Pendant trente ans.
Et ma Mère attendait toujours et s'étonnait de mon obéissance en me voyant grandir.
Ceci pour t'apprendre, mon scout, qu'on reste toujours le petit garçon de sa maman.
Quand Joseph m'ordonnait de raboter les planches, je ne disais point que je préférais fendre le bois.
Et quand ma Mère me priait de mettre la table, je ne répondais pas que j'aimais mieux aller aux provisions.
Ils ne me demandaient pas mon avis, et mon Père Eternel non plus.
Le scout obéit sans réplique et ne fait rien à moitié.
Et le Verbe s'est fait chair.
Et il leur était soumis.
Apprends à vénérer les travaux domestiques. Depuis le jour où j'ai eu la force de rendre un service jusqu'au jour où je suis parti pour recevoir le baptême de Jean, je n'ai pas fait autre chose.
C'est ainsi qu'a vécu le Sauveur du monde.
Le scout est fait pour servir son prochain et le devoir du scout commence à la maison.
Sanctifie donc tes actions ordinaires : quand tu allumes le feu, ou quand tu balaies, lorsque tu fais la cuisine ou que tu vas acheter des vivres, songe que ton Dieu n'a pas fait autre chose et qu'il a rendu vénérables ces besognes quotidiennes.
Heureux les petits ménages où tout le monde se sert et sert les autres.
Heureux les ouvriers qui travaillent de leurs mains.
Heureux es-tu si tes parents ne sont pas riches, et si ton travail leur est nécessaire.
Car alors ta maison ressemble à ma maison.
Méditation du Père Sevin
[ crédit @nathanael_delacostelareymondie ]